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L’huile de ricin : une alliée insoupçonnée

Aujourd’hui, nous entamons une série d’articles sur les matières premières que nous utilisons dans notre atelier. Et pour commencer, nous avons choisi l’une des plus exotiques : le ricin.

Souvent reléguée au rang de remède de grand-mère un peu oublié, cette substance visqueuse mérite pourtant toute notre attention, tant ses propriétés sont remarquables.

Mais au fait, d’où vient le ricin ?

Le ricin commun (Ricinus communis), est une plante herbacée ou arborescente originaire d’Afrique tropicale, que l’on retrouve aujourd’hui dans toutes les parties chaudes de la planète. Culminant habituellement autour des 3 mètres de haut, il peut atteindre les 10-12 mètres dans les conditions idéales.

Ses graines, logées dans de petites capsules piquantes, donnent deux produits radicalement différents :

  • l’huile, bénéfique et utilisée depuis des millénaires,
  • la ricine, une toxine redoutable (et tristement célèbre dans l’affaire du parapluie bulgare).

Heureusement, l’huile de ricin est parfaitement sûre. Extraite par pression à froid, sans solvant, elle laisse derrière elle les substances toxiques. C’est son caractère hydrophobe qui fait le tri.

fruits de ricin
A part écrire en braille "danger" sur ses piquants, je ne sais pas ce qu'il peut faire de plus pour prévenir qu'il est dangereux...
H. Zell, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons

Son utilisation dans l’histoire

Première apparition connue ? Dans le Papyrus Ebers, un manuel médical égyptien datant du XVIe siècle av. J.-C. Oui, il y a plus de 3 500 ans ! À l’époque, elle servait autant à alimenter les lampes à huile qu’à soigner les yeux et le transit intestinal.

On en a même retrouvé des traces dans des ateliers d’embaumement : les Égyptiens l’utilisaient pour imprégner les bandelettes de momification. Pas très glamour, mais drôlement ingénieux.

Au fil des siècles, l’huile de ricin a voyagé dans tout le monde antique. On la retrouve utilisée pour ses vertus cosmétiques, antibactériennes, antifongiques et anti-inflammatoires.

En pharmacie, elle a longtemps été prescrite comme purgatif. Mais soyons clairs : ce n’est plus du tout recommandé. L’effet est certes radical… mais brutal, et potentiellement dangereux.

Les fascistes italiens, jamais à cours d’idées ignominieuses, forçaient leurs adversaires politiques à en boire de grandes quantités dans le but de les faire se vider, littéralement, en pleine rue, provoquant humiliation, déshydratation et parfois la mort, comme illustré ci-dessous (non, en fait, juste non).

Et côté beauté, alors ?

C’est bien gentil ces histoires de purge, momies et empoisonnements, mais ça ne donne pas super envie de l’utiliser, ton huile, vous dites vous sûrement. Et c’est difficile de vous donner tort. Sauf qu’en fait, elle est pleine de propriétés utiles en cosmétique.

Unique en son genre, elle est essentiellement composée d’acide ricinoléique. C’est cet acide gras spécifique qui lui confère la plupart de ses vertus.

Grâce à ses propriétés anti-inflammatoires et analgésiques, l’huile de ricin est utilisée en application locale pour soulager les douleurs articulaires, musculaires ou même les inflammations cutanées. Elle est également un excellent support pour les compresses chaudes, offrant un soulagement bienvenu lors de crampes ou de spasmes.

Côté capillaire, elle est devenue une star. Appliquée sur les cheveux, la barbe ou les cils, elle est réputée pour stimuler leur pousse. Les preuves scientifiques se font attendre, mais les retours sont suffisamment nombreux (et enthousiastes) pour tenter l’expérience.
(De mon côté, ma chevelure penche plus vers Picasso que Dürer, donc je passe la main.)

Glisser

Grâce à mon traitement à l’huile de ricin, ça va beaucoup mieux, maintenant

Sa texture très visqueuse peut rebuter, mais c’est justement ce qui lui permet de pénétrer en profondeur, de nourrir intensément et de laisser un aspect brillant et soigné. Petit bonus : son odeur est quasiment neutre.

Et ce n’est pas fini. Appliquée sur les ongles, elle aiderait à combler les microfissures de la kératine et à renforcer leur structure. Encore une fois, aucune étude formelle, mais une tradition bien ancrée.

L’huile de ricin dans nos savons : une vraie pépite

Là où elle brille particulièrement, c’est dans la saponification.

Bien dosée, l’huile de ricin produit une mousse dense, onctueuse et soyeuse, très agréable au contact de la peau. Elle booste les propriétés hydratantes, antibactériennes et anti-inflammatoires du savon.

C’est un ingrédient-clé dans nos recettes maison, un vrai pilier de notre formulation.

Conclusion ?

Ne vous fiez pas à sa texture collante ni à son passé sulfureux. L’huile de ricin est une alliée de choix, discrète mais redoutablement efficace. Et chez nous, elle a toute sa place.